dimanche 21 novembre 2010

Doha - 03h15

Les deux files se séparèrent au fur et à mesure que nous approchions de nos portes d’embarquement respectives. La sienne indiquait Jeddah et était précédée d’un attroupement d’hommes tout habillés de djellabas blanches, la tête recouverte du traditionnel keffieh. Auparavant ceux ci avaient priés dans une salle d’attente de l’aéroport, agenouillés en direction de La Mecque comme le veut leur religion.

Doucement elle se retourna, son regard parcourant mon visage mais ne s’arrêtant pas. Je n’avais laissé transparaître aucune émotion, aucune indication d’un quelque sentiment. Seulement comme pour les autres passagers, les traces laissées par la fatigue du vol précédent. Être en correspondance à Doha à 3 heures du matin signifiait arriver des destinations les plus lointaines, d’Asie, d’Afrique, du Moyen Orient.

Elle ne devait pas avoir plus de 17, 18 ans, peut-être même un peu moins, comme celles qui l’accompagnait sur le vol en provenance de Manille. Mais ce n’est que pendant ces quelques minutes, dans la file d’attente des vols en correspondances que je la remarquais.

Sa beauté éblouissait de simplicité, de sa fragilité émanait un rayonnement de douceur, d’étonnement, de courage. Comme tant d’autres elle partait travailler au service d’une riche famille Saoudienne dans le but d’aider une famille restée au pays.

Ces quelques minutes avant l’embarquement pour Jeddah et Paris semblaient durer une éternité et je ne sais pourquoi une irrésistible envie me prenait de lui dire, non, ne partez pas, venez avec nous à Paris ou mieux encore rentrez chez vous.

Et puis elle se retourna une dernière fois, son regard parcourant mon visage mais ne s’arrêtant pas. Je n’avais laissé transparaître aucune émotion, aucune indication d’un quelque sentiment, et dans l’inconnu elle s’élançât.

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