La journée du 19 juin était belle,
ensoleillée, et le tumulte de la vie parisienne étonnamment calme alors que je
me dirigeais vers le lycée Jacques Decour dans le IXe
arrondissement. Nous devions nous y produire dans l’après-midi, dans le cadre
d’un concert pour fêter les vingt ans de la Fête de la Musique, en partenariat
avec le Ministère de l’Éducation nationale, NRJ et M6.
Je m’étais absenté ces dernières quarante-huit
heures pour accompagner I Muvrini en Pologne. Bien que je me rappelle être resté
l’oreille collée à mon téléphone, continuant à gérer et à organiser le planning
de Yannick à Paris, je goûtai ces quelques heures passées à Varsovie. Le groupe
se produisit dans la magnifique salle de l’Opéra, accompagné de son grand
orchestre.
Quelle émotion de voir ce public polonais tout à
l’écoute des chants d’Alain et Jean-François Bernardini. Que pouvaient-ils
comprendre de la langue corse ? Cependant, je savais qu’il vibrait à la
beauté des harmonies, au timbre des voix, à la ferveur de l’interprétation, en
appréciant chaque instant. Alors que le public se levait pendant le concert et
reprenait en chœur un chant en l’honneur du groupe, tradition rare à ce qu’on
m’expliquât, réservée aux meilleurs accueils, je pensais songeur : « Que
la musique rend la vie belle ! Pourquoi tous ces malheurs, haines, guerres
inutiles ? La vie pourrait être si belle… »
J’étais heureux de rejoindre le lycée pour ce
concert, de retrouver toute notre équipe, et même si je sentais des forces obscures
s’affairer depuis quelque temps, je ne m’en préoccupais pas, faisant confiance
à Yannick pour faire la part entre ce qui pouvait être dit et la réalité de ce
que nous vivions alors ensemble.
Après avoir salué les musiciens, tout sourire à mon
approche, je me dirigeai vers le podium de l’équipe technique. Quelques
instants plus tard, j’aperçus Yannick me faisant signe de le rejoindre.
J’imaginais un problème de son ou autre à régler, mais à l’écart de tous, il me
tendit un courrier sans dire un mot en me regardant droit dans les yeux, je
compris.
Cher Jean-Pierre,
Après avoir étudié
les différents points de vue des uns et des autres, compte tenu de notre
situation actuelle, il est clair que la décision qui s’impose aujourd’hui est
de mettre fin à notre collaboration.
Cette décision est
une décision, tu t’en doutes, purement professionnelle, et pour l’intérêt de
notre groupe, nous devons repartir sur d’autres bases. Je ne tiens pas à
revenir point par point sur les différentes sources de mésentente, mais la
situation aujourd’hui n’est plus viable.
Nous sommes
aujourd’hui à un carrefour important dans la vie des Zam Zam, et nous n’avons
pas trouvé à travers ton travail de manager ce que nous espérions tous. Nous
sommes conscients qu’il s’agit pour toi d’une désillusion, ce sentiment est
réciproque.
Nous sommes
conscients des efforts que tu as fournis tout au long de notre collaboration,
mais aujourd’hui, quelque chose s’est brisé entre nous. Néanmoins, nous avons
décidé de te reverser sur le prochain décompte de royalties de début novembre,
une compensation financière d’un montant de 100 000 francs nets.
J’espère que tu
comprends et acceptes notre décision et nous espérons, de notre côté, qu’on
pourra se revoir dans un contexte plus détendu.
Amicalement,
Les Zam Zam »
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