samedi 9 novembre 2013

Miquel s'est tué

Jeudi il prit des médicaments mais l’hôpital l’avait renvoyé chez lui. Ce n’était que pour attirer l’attention dirent ils, là-bas. Samedi Miquel pris quelques livres qu’il glissa dans un sac, se dirigea vers la terrasse du petit  immeuble de la rue Saragossa, dans le quartier de Gracia ou lui et sa famille vivent depuis toujours. Il avait du mal à le quitter chaque fois qu’il voyageait, et de moins en moins il le quittait.

Je l’avais connu alors que j’étais le manager d’ I Muvrini. Jean-François Bernardini qui aimait beaucoup les tableaux de son père Antoni Tàpies m’avait demandé de le contacter dans le but de réaliser la couverture  du  nouvel album UMANI. Jean-François, boulimique de culture,  curieux de tout  m’avait fait ainsi  découvrir nombre  d’écrivains et de peintres.

Je contactais la Fondation Tàpies à Barcelone qui m’orienta vers son directeur, la personne la plus directement concernée par mon appel, son fils Miquel. Je ne savais pas comment ma demande allait etre reçue et je fus étonné de la  simplicité immédiate avec laquelle il me répondit, oui, c’est possible  ajoutant qu’il aimerait recevoir une copie de l’album dont l’enregistrement était toujours en cours. Je pense que Catalan il aimait l’idée d’aider un artiste Corse, mais pas seulement car je découvris chez Miquel un amour de la musique, semblable au mien.

Rendez-vous  fut pris à Barcelone. Jean-François, Alain Bernardini et moi accompagnés de Miquel  rencontrèrent Antoni, sa femme  Teresa dans l’appartement familial qui lui servait d’atelier,  entourés de tableaux de Picasso, Miro, Max Ernst. Il nous confia que très occupé par la préparation d’une exposition il ne pourrait peindre un nouveau tableau à temps pour la date de sortie prévue du nouveau disque. A la place il nous proposa d’utiliser un tableau qu’il aimait particulièrement, très peu connu du public. Celui-ci devint la couverture d’UMANI.
Amis, nous l’étions devenus immédiatement. Il m’appelait son frère et je pense qu’il trouvait en moi ce que n’avait pas son « vrai » frère, mais je ne lui posais jamais la question. Miquel  était de ces amis grâce à qui rien ne peut vous arriver, jamais. Combien en a-t-on dans une vie entière ? Un, deux, trois, peut etre…
Plus tard alors que je venais d’etre trahi par Yannick  Noah après ces longues années de travail, Miquel demanda à son père de créer le logo de ma société de management qui s’appelait  encore Talents, Les Artistes Qui Changent Le Monde. Peu après celle-ci changea de nom, Talents Distribution, je vendais alors des t-shirts et d’autres produits dérivés de la musique. Je n’avais plus la force de travailler avec des « artistes » que j’idéalisais. Miquel, et son père, savaient combien ce geste me porterait, me redonnerais confiance.
Are We Human, Are We Dancers....
Miquel aimait beaucoup cette chanson, comme moi... Humain, Miquel Tàpies, si simplement et si complètement.
Barcelone , 12 Octobre 2013




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